Yes we Kahn !

Lectrices, lecteurs, électrices, électeurs

peut être saviez-vous qu’aujourd’hui canal+ diffuse le reportage de Nicolas Escoulan : Un an avec Dominique Strauss Kahn.

Vous êtes sans doute au fait que d’ici un an désormais se profilent les élections présidentielles et que ce genre de reportage/documentaire n’est pas innocent. Il n’est pas innocent pour celui qui le réalise et encore moins pour celui qui accepte d’y participer. Tout est une histoire d’ego, d’image et de proximité avec le citoyen lambda. Ce n’est pas forcément évident lorsque vous travaillez à Washington, que vous gagnez 30 000 euros par mois et qu’en plus vous êtes responsable des finances mondiales et de l’asservissement des populations auxquelles vous prêter de l’argent et à qui vous imposez des mesures drastiques de redressement.

Le reportage nous montre donc M. Strauss Kahn avec son équipe au FMI, avec les journalistes français auxquels ils s’adressent en « off » (comprenez par là qu’il donne son avis sur la politique intérieure mais qu’il n’est pas question de le citer dans les journaux). Anne Sinclair n’est jamais très loin de lui dans le reportage pour ne pas dire omniprésente. Je dirais même, en l’écoutant nous venter la dimension internationale de son mari, qu’elle constitue certainement son meilleur agent de communication.

Vous le savez, nous le savons, je le sais, l’image du FMI dans des pays accablés par les dettes est désastreuse. Dans certains cas c’est totalement justifié, dans d’autres il n’est plus possible d’agir autrement. Quoi qu’il en soit, c’est également l’image de celui qui la dirige qui est affaiblie.

La rencontre de D S K en Zambie avec les dirigeants de cet état montre qu’il est à l’écoute des volontés des instances politiques. Il les complimente pour être revenu sur les rails et discute du nerf de la guerre, l’argent qu’il faudrait pour développer le pays. Bien évidemment c’est encore une fois sur le PIB et son augmentation qu’on se rabat. Comme quoi, lorsqu’on est économiste de formation, homme politique dit de gauche, et directeur du FMI on en revient pourtant toujours à ce foutu indicateur de richesse qu’est le PIB. Le PIB ou produit intérieur brut représente la richesse produite par un pays en une année. Cette richesse produite est également censée renvoyer à une image de progression dans la société… l’accession à la classe moyenne par exemple. Bien sûr ce PIB est un indicateur parmi… Heu y’en a d’autres des indicateurs sérieux ?

Dans ce documentaire arrive un passage très intéressant, la rencontre entre le premier ministre grec et DSK. Ce dernier sait qu’il est en position difficile car l’intervention dans la zone euro est une première et qu’évidemment c’est son image qui va en prendre un coup. L’Europe est inquiète et cela est retranscrit par Elena Salgado, ministre de l’économie espagnole, qui a déclaré que le montant de l’aide à la Grèce pourrait être plus élevé que celui prévu. DSK doit intervenir et apaiser le climat d’inquiétude mais s’il ne suffisait que de cela, ce sont désormais les allemands qui refusent l’aide à la Grèce à moins de sérieuses garanties. DSK nous fait un faux « mea culpa » en déclarant qu’il a été mauvais alors qu’il sait qu’il n’a pu faire que ce qu’il était possible de faire.

« Ces gens là sont dans la merde ! » nous dit Dominique en commentant les paroles difficiles d’une femme grecque en colère. « C’est injuste ce qu’ils nous reprochent mais c’est normal. » Dans les deux cas je ne suis pas tout à fait d’accord.

Quelles différences entre socialistes et libéraux si les conséquences de leur politique sont les mêmes ? Voilà la vraie question. Sont-ce les promesses de DSK ? Il faut toujours se rappeler au français par quelques séances photos par exemple mais s’exprimer sur les idées c’est rare. N’est-ce pas ce qu’on reproche au PS en France également ? Comment présenter vos idées aux français si économiquement elles ne font que suivre au lieu de diriger ? Comment s’opposer sur le fond à la droite quand vous êtes finalement sur des lignes assez proches ? Il est d’autant plus compliquer de le faire que DSK ne peut pas s’exprimer librement à la tête du FMI, fonction oblige.

Son passage à l’université de Varsovie pour une démonstration de pédagogie est très mignonne. Le FMI est dans le rôle du médecin qui prescrit un médicament (l’argent) et en retour le médecin exige le changement de comportement de son patient pour ne pas avoir à revenir. En vérité il fait une prescription globale. Une prescription qui a pour but le remboursement de la dette ainsi contractée. Vous comprenez qu’il devient facile pour le FMI d’imposer des contraintes plus que drastiques. Je me demande s’il ne serait pas possible de faire des campagnes de préventions pour éviter de consommer des substances toxiques ou éviter les excès. Est-ce possible en économie ? Est-ce possible d’intervenir sur le marchés financiers ? Est-ce possible d’éviter de mettre en place des produits toxiques et de se gaver en pariant sur de possibles famines ? Voilà peut être des questions sur lesquelles j’aimerais entendre le directeur du FMI.

Sur la question du dois-je me présenter aux élections présidentielles, on sent bien qu’il voudrait mais qu’il hésite. Anne Sinclair sera là pour le soutenir et l’accompagner dans une campagne présidentielle si elle devait avoir lieu mais lui pèse le pour et le contre. Quels sont les « pour » ? Quels sont les « contre » ? Les réponses à ces deux questions nous donneraient certainement une idée de ce qui nous attend d’ici un an. Ce qui est sûr c’est qu’il y pense en se rasant le matin.

Un documentaire faible d’analyse, qui nous montre DSK sous son meilleur jour en globe trotter de la planète (qu’il parcourt de long en large il est vrai), qui interroge sur sa possible candidature plus que sur un bilan au FMI ou sur des idées qu’il ne peut exprimer à son poste alors qu’en France on crève de ne pas en avoir. Un reportage/documentaire qui nous prépare tranquillement à son retour… s’il revient… bientôt !

Bon dimanche !

Par Fremen10

~ par bioprof sur mars 13, 2011.

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