Patience et persévérence sont les deux mamelles de la réussite… du prof !

Amies et amis tripoteurs de clavier, agitateurs de souris ou encore titilleurs de clés USB,

sachez que tout vient à point à qui sait attendre (c’est pas de moi, c’est de l’autre !). Cet article pourrait s’adresser avant tout aux geeks mais finalement ce n’est pas à lui que je le destine. Non, ceux à qui je destine cet article c’est aux nombreux professeurs qui croient que l’école se doit d’être neutre et qu’elle a pour objectif final d’apporter aux enfants, nos élèves, les connaissances qui leur seront nécessaires pour faire les meilleurs choix raisonnés. Et j’insiste sur le terme de « choix raisonnés » et non « choix passionnés » comme se l’octroient trop souvent, ceux qui nous dirigent.

Ceci dit, je déverse un flot de paroles mais je n’ai toujours pas abordé le point central de mon contentement. Je me vais donc te narrer de ce pas, fidèle lectrice ou lecteur (je ne fais point de discrimination), cette merveilleuse histoire.

Il y a quelques années de ça, alors que je débutais en informatique (ainsi que dans la réalisation de sites internet), nous avions, un collègue de techno et moi-même mis en place dans l’établissement un « club informatique et internet » visant à aborder le travail de l’image, la programmation en html et la construction du site web du collège. En ce temps là j’avais quatre années de moins et je ne m’étais pas encore totalement libéré de l’emprise des logiciels propriétaires et/ou payants. C’est donc avec une version gratuite de dreamweaver que nous avions commencés le site avec les élèves du collège, pendant que je m’occupais des retouches sous dreamweaver MX (cracké… bouh c’est mal !) à la maison. Le site d’alors paraissait certes rutilant mais il incorporait les outrecuidantes « frames » encore appelés en français « cadres » (ouais je sais ça en jette moins !).

C’est particulièrement un élève qui avait assuré la construction du site pendant que ses camarades se chargeaient de remplir les pages et d’ajouter des liens. Je ne suis malheureusement pas resté dans cet établissement de façon permanente et ai dû laisser les rênes du site à une collègue en qui j’avais toute confiance.

Cette histoire pourrait s’arrêter là et j’aurais pu rester VRP dans l’éducation nationale (comprenez par là TZR) mais c’est sans compter sur le destin qui à peu de choses près se rapproche grandement des conséquences de la théorie du chaos. Mon avenir bascula lorsque j’obtins ma mutation pour ce même collège où j’avais sévi deux ans plus tôt ! N’entendant que mon courage je réquisitionnais ma collègue dans le but de remonter un club informatique et internet rebaptisé « Projet informatique et internet » pour d’obscures raisons de mise en place d’accompagnement éducatif. Toujours est il que modestement nous nous sommes relancés dans l’aventure avec pour objectif la refondation du site web du collège en utilisant cette fois le logiciel Kompozer (libre lui) et en utilisant en plus les feuilles de style CSS. Autant vous dire qu’il a d’abord fallu se mettre à niveau avant de lancer le projet et de former les élèves (plus ou moins bien) avec un engouement certain. Nous avons pour cela utiliser le tutoriel suivant (retravaillé pour les élèves) : http://info.sio2.be/kpz/3/index.php

Nous y avons mis du nôtre même si parfois il fut difficile de se motiver. Les élèves eux ont continués de travailler et de donner le meilleur d’eux-mêmes pour que la page d’accueil soit au moins accessible à l’adresse du site. Ils ont programmés, nettoyés le code et choisi les couleurs et les typographies. Je profite donc de cet espace pour leur tirer un grand coup de chapeau même s’ils ne liront pas ses lignes.

Désormais nous ne pouvons plus reculer et il va falloir terminer le passage du site dans sa version 2.0. Il nous faudra donc recruter des élèves pour compléter le site et pour assurer sa maintenance. Cela nécessite évidemment les logiciels appropriés, un ordinateur ou en tous les cas du matériel approprié. Et là, finalement, le fait de se retrouver dans le cadre de l’accompagnement éducatif permet d’obtenir une subvention de 100 euros.

Ni une, ni deux, mon sang ne fit qu’un tour, mes jambes qu’un pas et ma parole fut : « On pourrait acheter des clés USB ! »

Des clés USB oui, mais des panz… euh des Framakey.

Je reviens alors au commencement de cet article pour parler de neutralité en insistant sur le fait que je n’ai pas moi enseignant à orienter un élève vers un système d’exploitation plus qu’un autre. Évidemment que le libre est un cheval de bataille, que je préfère mille fois Linux/UBUNTU à Microsoft XP ou Vista voire Mac. Cependant mon rôle est de donner les moyens et de laisser les élèves décider par eux-mêmes de ce qui leur semble le meilleur en fonction de leurs besoins propres. C’est donc tout naturellement que je me suis dit qu’on pourrait commander des Framakey Ubuntu-fr Remix. J’en ai touché deux mots à ma camarade fort partante. Et c’est ainsi que je m’en suis allé parler à mon ami le gestionnaire (faut toujours être ami avec celui qui tient les cordons de la bourse).

Comme je suis un gars un peu remuant parfois je n’ai pas mis 5 minutes pour ouvrir les fenêtres adéquates sur son écran d’ordinateur à son grand désarroi et sous ses injonctions : « Mais arrêtez ! » « Mais est-ce que moi je viens faire cours dans votre classe ? »

Moi : »Non, par contre la commande là faut que ça parte au plus vite et aujourd’hui ce serait pas mal! »

Vous voyez le type de pression insupportable que je peux faire poser sur ses épaules sans parler de le menacer de fermer toutes ses fenêtres. Un prof en phase compulsive d’achat peut être très dangereux surtout quand c’est pour le bien de l’humanité  de la communauté.

Toujours est il qu’après moult discussions et pérégrinations sur le site permettant d’acheter ces foutues clés, mon gestionnaire, être aimé parmi tant d’autres, me dit qu’il ne peut payer que par mandat. Je pense que ma mine fut déconfite. Cependant il ne lacha pas l’affaire le bougre et envoya un petit message au responsable de la plateforme de vente pour savoir s’il était possible de payer par ce moyen.

Et ce soir, après un C.A un peu mouvementé il m’annonce que la réponse est positive et que nous allons pouvoir commander les 5 clés USB (de 4 go) Framakey Ubuntu-fr Remix.

Certains me diront que les clés j’aurais pu les acheter ailleurs et que j’aurais pu moi-même installer le pack : C’est vrai ! Le fait est qu’il s’agit d’un acte symbolique à trois niveaux :

  1. D’un point de vu personnel afin d’assurer mon soutien à cette démarche et aux sites de Framasoft et d’Ubuntu-fr
  2. D’un point de vu professionnel en faisant appel à une association dont la devise est « La route est longue mais la voie et libre » et qui joue son rôle dans la neutralité éducative même si elle promeut le libre.
  3. D’un point de vu de fonctionnaire qui utilise une subvention, c’est à dire l’argent de l’état, c’est à dire l’argent des contribuables dans une « mission » qui est d’intérêt général.

Là dessus je vous souhaite de bonnes vacances qui ne tarderont pas à commencer d’ici peu !

Par Fremen10

 

~ par bioprof sur juin 27, 2011.

2 Réponses to “Patience et persévérence sont les deux mamelles de la réussite… du prof !”

  1. Une bien belle démarche cher collègue.
    Ça fait toujours plaisir de te lire dans tes pérégrinations à défaut de se voir régulièrement.

    Si tu passe par chez nous cet été, on te présentera la crevette.

    Bien cordialement

    lolobio

  2. Ce sera avec grand plaisir cher collègue et ami ! Ça fait toujours plaisir de vous voir et j’ai hâte de rencontrer le nouveau venu.

Laisser un commentaire