Un bon prof prépare toujours sa rentrée…

Amies fainéantes et amis fainéants,

à peine je suis rentré de vacances (durement gagnées à l’aide de l’argent du contribuable) que voilà que tout me tombe sur la gueule. D’abord des chiffres dont je n’ai pas les sources qui m’affolent au plus haut point,

Prévisions pour 2012:
5700 postes supprimés en primaire, 6550 dans le secondaire, 1350 dans le privé et 400 administratifs. Il y aura 33 000 départs à la retraite en 2011 et 17 000 places de moins aux concours de recrutement ( – 8500 dans le secondaire, – 3000 dans le primaire et – 5500 administratifs et médico sociaux) !

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/08/25/01016-20110825ARTFIG00655-rentree-scolaire-un-casse-tete-pour-les-proviseurs.php

et ensuite un texte de Jean-Paul Brighelli sur le site de Marianne pour le moins saisissant : Natacha Polony annonce le pire pour l’école.

Jusque là j’étais de bonne humeur et je tiens à le rester, je ne vais donc pas vous parlez de ma liste de fournitures pour la rentrée mais plus sincèrement du problème de l’école actuellement (et donc de celui des enseignants) :

  1. Nous devons effectivement de plus en plus nous atteler à faire comprendre des choses à nos élèves alors que ceux-là ne maitrisent pas la langue. Ils sont handicapés certes mais plus que cela il y a parfois rupture de communication. Ce que je dis ne fait pas sens.
  2. Nous devons lutter habilement contre les réformes décidées par nos ministres et consorts tout en les appliquant. Il nous faut donc arrondir les angles de moult manières pour que celles-ci ne mettent pas à bas l’école.
  3. Il nous faut également lutter contre la télévision qui diffuse la bêtise et l’envie et bientôt contre le net sur lequel on trouve le pire comme le meilleur.
  4. Il nous faut également lutter contre les parents qui de plus en plus défendent bec et ongle leur progéniture sur de simples paroles en refusant toutefois d’éduquer leurs enfants.
  5. Nous devons enfin lutter contre l’opinion publique qui après des années de diatribes nous a assimilée à d’immondes parasites gauchistes et fainéants.

Lutter sur tous ces fronts à la fois se révèle à la longue épuisant et déprimant. Cela ressemble à une mission impossible à laquelle votre pays niera toute implication et c’est pourtant cette mission que nous nous apprêtons a relever une rentrée de plus… mais pour combien de temps encore !?

Certes tout n’est pas rose dans les rangs de l’éducation nationale mais il serait cependant malheureux de penser que les enseignants n’aient aucune conscience professionnelle. Pensez-vous réellement qu’ils ne se soucient que de leurs vacances et non de former des citoyens aptes à réfléchir par eux-mêmes et à vivre en société ?

Ce serait également les prendre pour des imbéciles que de croire qu’ils ne voient pas le jeu du gouvernement qui délite par pans entiers l’éducation pour mieux la vendre au secteur privé dans un futur proche.

J’entends ici et là que l’essentiel est de former des managers… Mais pour manager qui quand il n’y aura plus qu’eux ? L’éducation nationale crève déjà de n’avoir que des managers sans aucune idée du travail à accomplir. Conduire et motiver une équipe ne tient pas à une simple formation. Il faut avant tout connaître son domaine, ici avoir enseigné, être reconnu comme compétent par ses paires ou ses subordonnés et avoir ensuite les capacités de les fédérer autour de projets et autour de soi.

Autant vous dire que cela manque actuellement cruellement à nos principaux/managers, nos inspecteurs/managers qui ne sont désormais cantonner qu’au rôle de chien au service de son maître. Ont-ils eu le loisir de faire remonter la réalité du terrain ? Après tout on ne leur demande que de faire appliquer les réformes et les directives coute que coute. Cela dit, je n’aimerais pas être à leur place. D’un coté ils se doivent d’obéir et d’appliquer des mesures qu’ils trouvent absurdes ou auxquelles ils ne croient pas et de l’autre ils essuient les protestations et récriminations parfois virulentes de leurs enseignants dont il se peut qu’ils partagent l’avis.

Faites remonter la réalité du terrain et vous serez sanctionné pour votre franchise. Le mot d’ordre est depuis un temps déjà : « Pas de vague, non surtout pas de vague ». Seulement, à force de se cacher les problèmes ce n’est plus à de simples vagues que nous avons à faire mais bien à un raz-de-marée résultats de leur accumulation. Il n’est plus possible de dissimuler ad vitam eternam les dysfonctionnements. Alors combien de temps encore faudra-t-il avant que l’école, celle pour tous, soit remise  au centre de la construction de notre société ?

Former des gens avec une histoire et un destin communs est pourtant bien ce qui fonde une société solide tournée vers l’avenir. Me trompe-je ?

Le renouvellement des générations et l’innovation est ce qui contribue à maintenir vivante et réactive une société alors que la notre se sclérose.

Alors je vous le dis, sacrifier l’éducation, sacrifier de jeunes générations, cela revient à sacrifier la société et ce n’est pas quand il sera trop tard qu’il faudra pleurer car désormais vous êtes prévenu.

Par Fremen10

~ par bioprof sur août 27, 2011.

2 Réponses to “Un bon prof prépare toujours sa rentrée…”

  1. Désolée de vous contredire, mais je bosse avec 4 profs: 2 contactueles et 2 titulaires dont 1 est agrégé et bien les contractuels travaillent mieux et sont plus sérieux que les titulaires. Ces derniers arrivent en retard c’est moi qui ouvre la porte de la salle de classe aux élèves, (suis ATRF); 1 note /trimestre(on fait croire à l’administration qu’on a regroupé plusieurs), ne participent pas au conseil d’enseignement, aucune notation sur copie = note à la tête du client enfin surtout par rapport à la profession des parents et oui il faut que sur dossier ces élèves puissent entrer en prépa. Ils ne connaissent pas les programmes de collège donc continuent sur leur lancée en lycée en supposant certains acquis.
    Vous voulez que j’en rajoute?
    Je suis dégoutée par ces glandeurs.

    • Tout d’abord bonjour
      « Désolée de vous contredire »… en quoi votre propos me contredit-il ? Vous ne semblez pas vous exprimez sur les propos que j’avance.

      « mais je bosse avec 4 profs: 2 contactueles et 2 titulaires dont 1 est agrégé et bien les contractuels travaillent mieux et sont plus sérieux que les titulaires. » A ce petit jeu là on n’est pas sorti de l’auberge parce que j’ai déjà fait 7 établissements, travaillé avec contractuels, vacataires, certifiés (comme je le suis) ou agrégés et j’ai trouvé du plus médiocre à l’excellence dans chacune des catégorie. Votre expérience, mon expérience (bien que plus longue et plus diverse) restent des expériences personnelles et ne peuvent en aucun cas témoigner d’une généralité ! Des fainéant et des gens non investis il y en a partout !

      « …, aucune notation sur copie = note à la tête du client enfin surtout par rapport à la profession des parents et oui il faut que sur dossier ces élèves puissent entrer en prépa ». Je ne sais quoi vous répondre… que ce soit en tant qu’élève ou en tant que prof je n’ai jamais été confronté à ce dont vous parlez et n’ai personnellement jamais reculé face aux parents d’élèves et à leurs exigences. Vous semblez faire référence à un certain type de lycées… peut être serait-il nécessaire de préciser si vous voulez qu’on puisse discuter.

      « Ils ne connaissent pas les programmes de collège donc continuent sur leur lancée en lycée en supposant certains acquis. » J’avoue ne pas connaître les programmes de lycée sur le bout des doigts, ceux des quatre niveaux du collège me suffisent actuellement pour faire mon travail. Nous avons tous cependant une idée générale des « compétences verticales » à faire acquérir. Les élèves devraient effectivement arriver avec un certain nombre d’acquis en seconde. Cependant, je suis bien placé pour savoir qu’une part (pas si faible) des élèves qu’on nous oblige à laisser aller en seconde n’en possèdent pas la moitié ! Tous n’est donc pas a rejeter sur les profs de lycée. Vous devriez m’attaquer moi de laisser aller en seconde des élèves de 3eme incapables de décrire et d’étudier convenablement un graphique.

      « Vous voulez que j’en rajoute ? » A votre bon gré !

      « Je suis dégoutée par ces glandeurs. » Indignez vous !

      A bon entendeur salut !

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