Putain. Vivre ensemble.

Mais qu’est devenu le vivre ensemble de ma jeunesse ?

Je me souviens d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Un temps ou l’ambition était de vivre avec son voisin dans le respect de chacun. Les années 90 me laissent cette idée d’une plus grande tolérance et d’un destin commun.

J’ai encore souvenir de ce jour où le FN avait atteint les 15% aux élections entraînant dans mon collège une mise en grève des élèves. Tous réunis dans le réfectoire nous écoutions nos camarades colorés, montés sur les tables, nous dire qu’ils étaient français, leur fierté de l »être et d’être né ici. Tout le monde acquiesçait. Ces enfants, nos camarades, étaient des français à part entière et ce sans aucune condition.

 Je suis le pur produit de mon éducation et de l’école républicaine. Alors que mes parents ne me baptisaient pas, me laissant le choix de croire ou non, l’école publique et laïque me transmettait en plus des connaissance de base le principe du respect des croyances de chacun. A cette époque, aucun de nous ne nous revendiquions d’une religion ou d’une autre quand la plupart d’entre nous étions fils d’ouvriers partageant le même labeur.

C’est dans les années 2000 que j’ai senti un changement d’ambiance, un fond sonore nauséabond abondant dans le sens du vol du travail par les étrangers quand c’est bien au libéralisme qu’il aurait fallu dès lors s’attaquer. J’ai vécu 2002 et le front national au second tour. J’ai vu dans la rue l’engouement de tous ces français profondément républicains et laïcs et j’ai également vu leur désarroi de devoir voter Chirac. Une rupture s’est opérée entre le peuple et ses dirigeants, j’enfonce là une porte ouverte, mais cette porte à beau être béante personne ne s’occupe de la réalité des gens. En 2000 le prix des loyers devenait déjà un problème pour les familles d’ouvriers ou d’employés et il a fallu attendre que ce problème touche complètement les classes moyennes pour que cela arrive dans le débat national

 En 2005 j’ai vu la France se déchirer en deux sur le référendum européen. Allez voter NON lorsque vous êtes profondément européen et que vous avez grandi avec le sentiment réel d’être un citoyen du monde ! Allez voter OUI pour cette Europe que vous jugez injuste et pour ce libre échange qui n’a pour seul but que d’asservir les peuples ! Imposez de force aux citoyens un traité dont ils ne veulent pas et vous engendrez la défiance !

Aujourd’hui je suis prof et j’enseigne à des enfants bigarrés qui sont tous français à mes yeux, tous enfants de la république et ce sans condition. Mais ce n’est plus ma génération que j’ai devant les yeux. Chacun se réclame d’être d’origine portugaise, algérienne, marocaine, égyptienne, ivoirienne italienne, etc… . Pourtant ces enfants vivent en France, parlent français, regarde la télé française, lisent en français se sont construit selon les normes de ce pays. Que s’est il passé pour que ces enfants, français, se réclament d’ailleurs ? Que s’est il passé pour que ces enfants, français, ne veuillent plus partager un destin commun ?

 Et aujourd’hui, en avril 2012, voilà que le FN dépasse les 18%. Je ne reconnais plus ce pays. Je ne reconnais plus cette idée du vivre ensemble de ma jeunesse. Je pense à toutes les personnes que je connais, à toutes celles avec qui j’ai travaillé ou travaille encore, enfants d’immigrés, un jour étrangers, qui sont français et qui comme moi ont connu une école qui leur a enseigné la tolérance de tous, et aujourd’hui pour eux j’ai mal.

Demain ce sont des défis planétaires qui nous attendent et nous regardons encore et toujours notre nombril. L’espoir ce n’est pas ça ! L’espoir c’est voir toujours plus loin, c’est voir les différences et en faire un atout !

Par Fremen10

~ par bioprof sur avril 23, 2012.

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